lundi 15 février 2016

La responsabilité individuelle dans le collectif

Les mutations sont au cœur des discussions actuelles. Mutations économiques, mutations sociales et mutations politiques sont évoquées, disséquées et commentées. Pourtant le discours pessimiste et fachiste est dominant : la responsabilité de nos malheurs appartient à l'autre : l'étranger, le très pauvre, le très riche, le responsable, le sous fifre, le politique, l'abstentionniste. Dans ce climat il n'y aurait d'issue que la fermeté. Chacun joue avec ces peurs, chacun colporte ses peurs. Alors sommes nous tous responsables ? Sommes nous tous irresponsables ?

Notre responsabilité individuelle nous demande chaque jour de répondre des actes du passé. Nous assumons les responsabilités qui sont les nôtres et la façon dont nous les assumons entraine de nouvelles responsabilités. Ceux qui veulent nous emprisonner dans le passé ou ceux qui veulent laisser l'avenir juger, fuient ainsi leurs responsabilités. En acceptant leurs discours, nous prenons part à la démarche, nous la cautionnant. En ce sens la question de la part de la responsabilité individuelle dans la responsabilité collective se pose.

L'organisation du régime nazi, soviétique ou capitaliste nous a démontré à quel point la démarche collective peut prendre le pas sur la démarche individuelle, à quel point l'organisation sert de rempart à la responsabilité individuelle et d'explications aux actes les plus abjects. Les travaux d'Annah Arendht nous l'on expliqué et pourtant nous faisons comme si cela n'existait pas. Pire, les personnes qui ont lu, qui connaissent ces écrits, font comme se cela n'existait pas.

C'est une démarche si facile qu'elle permet de s'autoriser toutes les formes de haines, contre les juifs, contre les arabes, contre les politiques, contre les femmes, contre les autres. Cette démarche permettrait de dédouaner les attaques individuelles, dans la rue, dans les cours d'école, dans les stades de foot et dans les maisons. 

Lorsque je suis seul à réagir, à prendre une décision différente du collectif, je m'isole et je peux avoir le sentiment de l'inutilité de l'action. Je peux être rejeter, être mis à la marge. Pourtant l'histoire montre que ce ne sont pas ceux qui suivent le troupeau qui font avancer la société. Alors au seuil de sa vie chacun de nous  devra se demander et répondre en lui-même : Ai-je toujours assumé ma responsabilité personnelle et individuelle ?

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